La thérapie brève selon le modèle Palo Alto
Mais alors, c’est si simple que ça ?
Voilà ce que m’ont demandé les parents de Justine, quand je leur ai expliqué le fonctionnement de la thérapie brève, systémique et stratégique selon l’école de Palo Alto.
Non, ce n’est pas si simple… nous n’avons pas de baguette magique.
Appliquer la méthode Palo Alto à la thérapie brève, c’est pour le patient accepter de remettre en question sa vision du monde, c’est bousculer ses habitudes, c’est opérer des changements, et même des virages à 180 degrés par rapport à ce qu’il faisait auparavant. C’est avoir le courage d’être acteur de son changement. C’est accepter de suivre des prescriptions comportementales qui peuvent sembler parfois complètement loufoques, ou de prime abord impossibles, et donc avoir une confiance absolue en son thérapeute. Alors non, ce n’est pas simple, loin s’en faut !
Ce que l’on explique en effet au patient, quand il vient nous voir, c’est que quoi qu’il ait fait pour pallier son problème, cela n’a visiblement pas marché. Sinon il ne serait pas là, en face de nous, sur ce canapé, mais plutôt en train de boire un verre avec des amis, ou au cinéma, ou en train de faire ses courses de la semaine…
Car la plupart du temps, quand on a un problème, on essaie toutes sortes de solutions qui nous semblent logiques. Parfois ça marche, et dans ce cas on ne change rien, mais parfois ça ne marche pas.
Dans ces cas là, on se rend compte que ces tentatives de solutions vont toujours dans le même sens. Comme si le patient jouait toujours la même partition, mais avec des instruments différents. Cela conduit bien souvent à un cercle vicieux où le problème prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’on le fuit. C’est pourquoi il est extrêmement difficile d’en sortir.
En thérapie brève, nous allons donc lister ces tentatives de solutions, et conduire le patient à faire exactement l’inverse, partant du principe que ce qu’il a fait n’a pas fonctionné. Nous lui proposons des prescriptions comportementales, se traduisant par des exercices qu’il fera entre les séances (par exemple, observer telle ou telle chose, dire ou faire quelque chose de différent). Il pourra alors briser ce cercle vicieux, au lieu de le laisser progressivement enkyster son problème.
Petit à petit, le patient aura modifié sa perception du problème, assoupli sa vision du monde, amélioré sa relation avec untel, résolu ses problèmes de couple, apaisé ses rapports avec ses enfants, ou accepté sa situation en connaissance de cause, car il a toujours le choix du changement. Mais quoi qu’il arrive, il aura pris une décision et sera donc apaisé.
Donc non, ce n’est pas facile, dis-je aux parents de Justine. En revanche, si cette dernière est d’accord pour venir me voir et accepte le principe de cette thérapie, alors oui, il pourra y avoir des changements, peut-être spectaculaires, en quelques séances. Car nous lui apporterons des solutions concrètes et pragmatiques qui pourront la séduire. Mais surtout ne lui dites, jamais, jamais que c’est facile. Car bien au contraire, la thérapie brève demande beaucoup de courage à ceux qui l’entreprennent.